En écho à la fête du Christ Roi, la liturgie nous fait méditer un chapitre de saint Luc où Jésus parle longuement de l’avenir.
Tantôt il envisage l’avenir lointain, son retour à la fin des temps et tout un cortège d’événements mystérieux dont la date reste cachée dans le secret du Père. Quand il évoque ce scénario de la fin, Jésus le fait toujours dans le langage traditionnel des apocalypses et dans un grand cadre cosmique qui englobe la terre et le ciel, le soleil, la lune et les étoiles.
Tantôt Jésus a en vue des événements plus proches : la ruine du Temple, le jugement de Jérusalem ; et dans ce cas il reprend volontiers les menaces des prophètes contre la ville infidèle.
Tantôt enfin Jésus fait allusion aux épreuves de sa communauté, aux persécutions qui frapperont les disciples, tout au long du temps de l’Eglise.
Ce qui nous déroute un peu dans ce discours de Jésus, c’est que les trois perspectives sont étroitement imbriquées et parfois indissociables, comme des photographies que l’on projette en surimpression : derrière la destruction du Temple se profilent les signes de la fin du monde, et en toile de fond du jugement de Jérusalem on discerne la venue du Fils de l’Homme pour juger les vivants et les morts.
Impossible de calculer ; inutile de prévoir. Mais deux certitudes ressortent clairement. La première est que l’histoire du monde est entrée avec la venue de Jésus dans sa phase définitive, même si celle-ci doit durer encore des centaines ou des milliers de siècles. La seconde certitude est que les consignes de Jésus, urgentes pour aujourd’hui, resteront valables jusqu’à la fin des temps : il faut espérer, il faut veiller.
L’évangile d’aujourd’hui nous place successivement devant deux perspectives. Jésus annonce d’abord la ruine du Temple : « Des jours vont venir où il n’en restera pas pierre sur pierre. Tout sera détruit. » D’où la question des disciples, qui porte, elle aussi, sur ce désastre du Temple : « Maître, quand donc cela arrivera-t-il ? et quel sera le signe que cela doit avoir lieu ? » Et Jésus de répondre, non pas en dévoilant un signe précis, mais en donnant une consigne valable en tout temps d’épreuve : « Prenez garde de ne pas vous laisser abuser » (par de faux messies) qui diront : « le moment est arrivé ».
Puis saint Luc, presque sans transition, ouvre jusque au fond la perspective en reprenant une parole de Jésus qui concerne la fin des temps : « Il y aura de grands tremblements de terre et des faits terrifiants venant du ciel, et de grands signes ».
L’avenir n’appartient qu’à Dieu, qui seul connaît les repères ultimes du temps et de l’espace. Mais nous avons le temps du jour pour le servir et l’aimer, nous avons l’espace de notre cœur pour y accueillir la parole de Jésus, et l’espace du monde à prendre dans la prière, avec tous les missionnaires porteurs de son message de paix.
Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.