Beaucoup de gens, même parmi les chrétiens, essaient d’imaginer la fin du monde. On en fait des romans, on en fait des films, comme si l’important était de faire peur. Mais est-ce vraiment ainsi que Jésus voyait les choses ?
Une chose est sûre, et Jésus l’a dit formellement, c’est que sa venue en gloire marquera la fin de l’histoire ; et cette fin, il nous faut à la fois l’attendre, l’espérer et la préparer. Comme le dit notre Credo :« J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ».
Jésus n’a présenté aucun scénario des derniers temps : il se contente de les évoquer en reprenant les images traditionnelles des prophètes, spécialement Daniel, qu’il cite très souvent.
Néanmoins Jésus, dans ce passage de Marc 13, distingue trois moments :
- Le commencement des douleurs : Jésus décrit là tout ce que les générations de chrétiens depuis lors ont connu : les guerres, les tremblements de terre, les faux messies et les persécutions. Le temps des douleurs est-il uniquement un temps de catastrophe ? Non, car c’est aussi le temps où l’Évangile est proclamé à toutes les nations et où l’Esprit Saint parle lui-même pour la défense des disciples de Jésus. D’ailleurs les douleurs sont des douleurs d’enfantement : l’humanité selon Dieu, l’Église de Jésus, est enfantée tout au long de ce commencement.
- Viennent ensuite, dans l’Évangile de Marc, « les jours de détresse », qui visent probablement une épreuve plus précise, comme les combats qui ont marqué la prise de Jérusalem.
- Mais la fin du monde est encore autre chose. Elle aura lieu « en ces jours-là, après cette détresse ». L’histoire des hommes s’arrêtera ; le soleil et la lune cesseront de marquer les jours et les nuits. Alors on verra le Fils de l’Homme (Jésus Fils de Dieu), venir, entouré de nuées, dans la plénitude de la puissance et dans la gloire.
La fin du monde sera surtout l’irruption du monde nouveau, la manifestation de la gloire du Christ, et l’immense rassemblement de tous les amis de Jésus, tous ses fidèles, les élus de tous les pays et de tous les temps.
Est-ce là une catastrophe ? Non : c’est la réussite du plan de Dieu, c’est le moment, connu de Dieu seul, où Il déclarera : « C’est fait ; mon amour a réussi l’homme », c’est le moment de l’enfantement après les douleurs, c’est le premier cri de l’humanité nouvelle, qui ouvrira les yeux à la gloire du Christ.
La fin du monde, c’est l’été de Dieu, et Jésus y insiste. Qu’est-ce qui rend si tendres les jeunes pousses du figuier ? Qu’est-ce qui fait apparaître les feuilles ? – La sève, tout simplement. Et quand la sève monte, les fruits viennent, sûrement ; l’été arrive, immanquablement ; de même que, lorsque les douleurs surviennent, c’est que l’enfant demande à naître et à vivre. Voilà ce qu’est la fin du monde, aux yeux de Jésus : c’est la poussée victorieuse de la sève ; c’est la naissance de l’homme nouveau selon Dieu.
Les hommes guettent partout la catastrophe ; or la fin du monde sera un moment de maturité, le moment de la maturité. Déjà le prophète Daniel l’annonçait de la part de Dieu :« En ce temps-là viendra le salut de tous les peuples, de tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu ».
Oui, c’est parfois dans la douleur que nous nous préparons à cette victoire de Dieu. Oui, il y a et il y aura des jours de détresse, et c’est pourquoi nous devons rester éveillés, « tout éveillés dans notre foi » et dans l’amour fraternel, serrant dans le creux de notre main la perle du Royaume, c’est-à-dire la promesse que Jésus nous a faite et la promesse que nous avons faite à Jésus. Mais Jésus nous a sauvés une fois pour toutes : il n’aura pas besoin de se lever à nouveau pour souffrir et mourir. Il s’est assis, pour toujours, à la droite de Dieu.
Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.