Jésus, doux et humble de cœur nous entraîne à sa suite. Or nous avons parfois une image négative de l’humilité. S’agit-il de n’être rien, de ne pas mettre à profit les capacités que nous avons ? C’est à un regard de vérité sur nous-mêmes que le Seigneur nous invite : « Fais fructifier les talents que je t’ai confiés, mais n’oublie pas que tu es un homme et que je suis ton Créateur et ton Sauveur. » Thérèse elle-même a beaucoup lutté contre son orgueil jusqu’à la fin de sa vie. Voyons comment cette « orgueilleuse convertie » a compris l’humilité du cœur.
« Petite sœur bien-aimée, ne recherchons jamais ce qui paraît grand aux yeux des créatures. Salomon, le roi le plus sage qui fut jamais sur la terre, ayant considéré les différents travaux qui occupent les hommes sous le soleil, la peinture, la sculpture, tous les arts, comprit que toutes ces choses étaient soumises à l’envie, il s’écria qu’elles ne sont que vanité et affections d’esprit !… »
La seule chose qui ne soit point enviée c’est la dernière place, il n’y a donc que cette dernière place qui ne soit point vanité et affliction d’esprit…
Cependant « la voie de l’homme. n’est pas en son pouvoir » et parfois nous nous surprenons à désirer ce qui brille. Alors rangeons-nous humblement parmi les imparfaits, estimons-nous de petites âmes qu’il faut que le Bon Dieu soutienne à chaque instant ; dès qu’Il nous voit bien convaincues de notre néant il nous tend la main ; si nous voulons encore essayer de faire quelque chose de grand même sous prétexte de zèle, le Bon Jésus nous laisse seules. Mais dès que j’ai dit : Mon pied a chancelé, votre miséricorde, Seigneur, m’a affermi !… Oui, il suffit de s’humilier, de supporter avec douceur ses imperfections. Voilà la vraie sainteté ! " (LT 243)
« O Jésus !(…) Je me souviens de ces paroles que vous avez prononcées pour m’apprendre à pratiquer l’humilité : »Je vous ai donné l’exemple afin que vous fassiez vous-mêmes ce que j’ai fait, le disciple n’est pas plus grand que le maître… Si vous comprenez ceci vous serez heureux en le pratiquant. « Je les comprends, Seigneur, ces aroles sorties de votre cœur doux et humble, je veux les pratiquer avec le secours de votre grâce. (…) Mais, Seigneur, ma faiblesse vous est connue ; chaque matin je prends la résolution de pratiquer l’humilité et le soir je reconnais que j’ai commis encore bien des fautes d’orgueil, à cette vue je suis tentée de me décourager mais, je le sais, le découragement est aussi de l’orgueil, je veux donc, ô mon Dieu, fonder sur Vous seul mon espérance ; puisque vous pouvez tout, daignez faire naître en mon âme la vertu que je désire. » (Prière 20)
« O mon Dieu, je vous en prie, préservez-moi du malheur d’être infidèle. »
De quelle infidélité voulez-vous parler ?
D’une pensée d’orgueil entretenue volontairement. Si je me disais par exemple : J’ai acquis telle vertu, je suis certaine de pouvoir la pratiquer. Car alors ce serait s’appuyer sur ses propres forces, et quand on en est là, on risque de tomber dans l’abîme. Mais j’aurai le droit sans offenser le bon Dieu de faire de petites sottises jusqu’à ma mort, si je suis humble, si je reste toute petite. Voyez les petits enfants : ils ne cessent de casser, de déchirer, de tomber, tout en aimant beaucoup, beaucoup leurs parents. Quand je tombe ainsi, cela me fait voir encore plus mon néant et je me dis : Qu’est-ce que je ferais, qu’est-ce que je deviendrais, si je m’appuyais sur mes propres forces ?!… " (DE 7 août 4)
Être humble ne consiste pas seulement à lutter contre l’orgueil mais surtout à accepter sereinement sa condition d’être humain, ce mélange complexe de faiblesse inéluctable et de possibilités de croissance.
"Ah ! je sens bien que ce n’est pas cela du tout qui plaît au Bon Dieu dans ma petite âme, ce qui lui plaît c’est de me voir aimer ma petitesse et ma pauvreté, c’est l’espérance aveugle que j’ai en sa miséricorde… Voilà mon seul trésor. Marraine chérie, pourquoi ce trésor ne serait-il pas le vôtre ?… N’êtes-vous pas prête à souffrir tout ce que le Bon Dieu voudra ? Je sais bien que oui, alors, si vous désirez sentir de la joie, avoir de l’attrait pour la souffrance, c’est votre consolation que vous cherchez, puisque lorsqu’on aime une chose, la peine disparaît. Je vous assure que si nous allions ensemble au martyre dans les dispositions où nous sommes, vous auriez un grand mérite et moi je n’en aurais aucun, à moins qu’il ne plaise à Jésus de changer mes dispositions.
O ma sœur chérie, je vous en prie, comprenez votre petite fille, comprenez que pour aimer Jésus, être sa victime d’amour, plus on est faible, sans désirs, ni vertus, plus on est propre aux opérations de cet Amour consumant et transformant… Le seul désir d’être victime suffit, mais il faut consentir à rester pauvre et sans force et voilà le difficile."(LT 197)
"Un grain de sable n’est pas lourd, et puis il sera plus léger si vous le demandez à Jésus…
Oh ! comme il désire d’être réduit à rien, d’être inconnu de toutes les créatures, pauvre petit, il ne désire plus rien, rien que l’OUBLI… non pas les mépris, les injures, ce serait trop glorieux pour un grain de sable. Si on le méprisait, il faudrait bien le voir. Mais l’OUBLI !… Oui je désire d’être oubliée, et non seulement des créatures mais aussi de moi-même, je voudrais être tellement réduite au néant que je n’aie aucun désir… La gloire de mon Jésus, voilà tout." (LT 103)
"O mon Frère ! je vous en prie croyez-moi, le bon Dieu ne vous a pas donné pour sœur une grande âme, mais une toute petite et très imparfaite.
Ne croyez pas que ce soit l’humilité qui m’empêche de reconnaître les dons du bon Dieu, je sais qu’Il a fait en moi de grandes choses et je le chante chaque jour avec bonheur. "(LT 224)
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