« Trouver un trésor », voilà une parole qui peut éveiller notre imagination. Les succès des jeux d’argent nous montrent que beaucoup recherchent la possibilité de trouver une forte somme d’argent qui leur permettrait soi-disant de passer de longs jours heureux, libre de tout souci matériel. Mais ce terme de trésor garde-t-il pour nous de toute cette saveur si, comme nous l’invite l’Évangile, nous l’identifions avec le royaume des cieux ?
L’Évangile de ce jour nous parle de la valeur du royaume des cieux, avec 3 comparaisons, Jésus essaie de nous faire comprendre quel trésor nous avons découvert en le reconnaissant comme notre Sauveur et en accueillant sa Bonne Nouvelle. Le royaume des cieux est comparable à un trésor caché, à une perle fine, au résultat d’une pêche fructueuse. Tel un trésor enfoui dans un champ, le royaume des cieux nécessite qu’on le cherche, que l’on remue ciel et terre pour le trouver, c’est-à-dire faire preuve de foi. Telle la perle fine, longtemps désirée par le marchand, le royaume des cieux nous demande de savoir attendre avec patience, c’est-à-dire d’espérer. Telle la pêche fructueuse, le royaume des cieux rassemble tous les hommes dans leur diversité, mais malheureusement, tous ne sont pas accordés avec les valeurs du royaume. Les deux 1res paraboles montrent que face aux réalités de l’Évangile, l’homme doit savoir faire un choix, sinon, comme l’illustre la 3e parabole, c’est Dieu qui fera le choix.
Celui qui trouve le trésor ou la perle fine vend tous ses biens pour acquérir ce qu’il a découvert. Ces images qu’utilise Jésus nous posent d’abord la question de savoir si nous considérons vraiment notre foi chrétienne comme un trésor, comme une perle fine qui mérite que nous sachions préférer les valeurs de l’Évangile à tout autre bien. Certes, dans chacune de nos vies, il nous faut savoir assumer nos responsabilités humaines, professionnelles et familiales, comme les réalités du monde nous le demandent dans la mesure où cela se justifie. Mais comment vivons-nous le rapport entre les valeurs de l’Évangile, les valeurs chrétiennes, et les valeurs strictement humaines voire mondaines ? Savons-nous préférer le Christ, l’amour de Dieu notre père, aux réalités qui passent ? Si la parole de Dieu est le vrai trésor de nos vies comment savons-nous préserver ce trésor, lui laisser donner sens à notre vie ? Si cette parole est la lumière de nos pas, la lampe de notre route, comment laissons-nous cette parole éclairer notre vie, éclairer nos choix ?
L’accueil de la parole de Dieu dans notre vie, l’accueil de son œuvre de grâces en chacun de nous, tout cela ne se fait pas sans l’homme et sans sa participation la plus pleine, la plus radicale et la plus consciente possible. La foi chrétienne, l’engagement à la suite du Christ n’est pas simplement un de nos engagements parmi d’autres, et à l’égal des autres. La foi, notre relation avec Dieu ne peut être simplement au même niveau que tous nos autres engagements. Notre relation à Dieu est de l’ordre de l’absolu, Dieu notre Père se situe à la racine de notre être, au fondement de notre vie. La foi et la sagesse chrétienne ne sont pas seulement des références pour cette vie terrestre, mais ce sont aussi et surtout une ouverture, une porte pour la vie éternelle.
C’est pourquoi la foi a toujours une dimension radicale et fondamentale. Il ne s’agit pas de tomber dans un extrémisme, ni dans un sectarisme, nous voyons trop les ravages de telles attitudes. Cependant, nous devons reconnaître que notre société nous pousse tout au contraire plutôt au relativisme, et à cloisonner la vie spirituelle et religieuse dans une petite sphère privée bien close qui ne dérange rien ni personne. La vie chrétienne et notre relation de foi avec le seigneur, dans notre monde moderne, sont bien souvent mises au même niveau que des réalités humaines. Pour prendre un exemple bien concret, que peut-on dire de la ferveur chrétienne de personnes qui systématiquement préfèrent les activités sportives ou les rencontres familiales à la messe dominicale parce que c’est plus pratique ou pour ne pas gêner leurs enfants. Il en est de même pour nous religieux et prêtre, quand nous préférons les choses à faire à la prière personnelle ? Il s’agit pour chacun de nous interroger sur la hiérarchie de nos valeurs : la foi chrétienne est-elle pour nous un trésor ?
Le disciple de Jésus entre dans une famille spirituelle, rassemblant tous ceux qui, renonçant à un mode d’agir selon l’esprit du monde, s’évertuent à « faire la volonté » de Celui que Jésus est venu leur révéler. Ce qui détermine si nous sommes au-dehors ou au-dedans de cette famille, ce n’est pas une confession de foi superficielle, mais une adhésion qui s’exprime dans notre vie : il ne suffit pas de crier « Seigneur, Seigneur » pour entrer dans le Royaume ; mais il s’agit de manifester que le Christ est véritablement Seigneur de nos vies.
En admirant la sagesse du jeune roi Salomon, en cherchant à imiter son attitude intérieure, tournons-nous vers le Christ, sagesse de Dieu et notre justification, pour l’accueillir dans notre vie comme le véritable trésor qui donne du sens à notre existence et nous ouvre les portes de la vie éternelle. En accueillant cet amour de Dieu alors tout nous sera donné de surcroît, non pas forcément les biens matériels, ni l’absence de difficultés, mais la force et la lumière qui viennent de Dieu. Car comme le rappelle Saint-Paul, « nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuait à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. » Amen !
Fr. Antoine-Marie, o.c.d.