Dimanche 15 novembre 2015 - 33° dimanche du Temps ordinaire
Textes liturgiques : Dn 12,1-3 ; Ps 15 ; He 10, 11-18 ; Mc 13, 24-32
Où allons-nous ? Où va l’histoire ? Que signifient ces paroles de Jésus concernant sa venue à la fin des temps ? Je présume que ces questions nous préoccupent beaucoup moins que celles que nous posent les évènements bouleversants qui viennent de frapper la région parisienne. Ces massacres ne se sont plus déroulés en Irak ou en Syrie mais chez nous, à quelques stations de métro. Et il est fort possible qu’ils se renouvellent, demain ou dans quelques semaines, à Paris ou ailleurs. La menace se fait proche. Dans quel tourbillon sommes nous entrainés, où allons-nous, où va notre histoire ?
Les paroles de Jésus que nous venons d’entendre ne sauraient répondre directement à ces questions surgies de l’actualité car elles ont été délivrées il y a deux mille ans et dans des circonstances différentes. Mais à les bien comprendre, elles projettent une lumière sur toute l’histoire humaine, y compris la nôtre, en la plaçant dans la perspective de l’histoire du salut, à partir de l’évènement primordial de la mort et de la Résurrection de Jésus-Christ. Tous les commentaires des personnes aujourd’hui les plus informées et les plus réfléchies au monde ne peuvent livrer cette lumière qui jaillit de la seule révélation manifestée en Jésus-Christ.
L’évangile que nous venons d’entendre fait partie du 13e chapitre de l’évangile selon st Marc. Jésus y évoque les derniers temps inaugurés par sa mort et sa Résurrection et s’achevant par sa venue en gloire à la fin du monde présent, ce dont il parle dans notre évangile. Ce chapitre n’est pas un film d’anticipation sur l’avenir. Il met plutôt en valeur, en image et de manière un peu énigmatique, le sens des évènements que connaissent les chrétiens de tous les temps. Jésus distingue trois moments dans ces derniers temps.
Le premier est celui du « commencement des douleurs ». Il est marqué par des guerres, des tremblements de terre, des famines, des persécutions, bref tout ce que les générations chrétiennes ont plus ou moins connu. C’est aussi le temps où l’évangile est annoncé à toutes les nations et où l’Esprit Saint assiste les persécutés. Temps des douleurs d’un enfantement, d’une mise au monde.
Puis viennent, dit Jésus, « des jours de détresse » qui visent sans doute une épreuve plus précise, telle que les évènements dramatiques qui eurent lieu lors de la prise de Jérusalem, en 70, quelques dizaines d’années après la Résurrection de Jésus…
Puis vient « la venue du Fils de l’homme » dont parle notre évangile. Elle marquera la fin du monde ou plutôt l’irruption d’un monde nouveau. En ces jours-là, après la « grande détresse » de la période précédente, l’histoire des hommes s’arrêtera, le soleil et la lune cesseront de marquer le jour et la nuit. « Alors on verra le Fils de l’Homme », entendons le Christ, « venir avec grande puissance. » Il rassemblera des quatre coins du monde tous ses fidèles, les élus. Et Jésus insiste : « Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles vous savez que l’été est proche ». En effet les branches deviennent tendre par la poussée de la sève qui apporte la vie et annonce les fruits à venir. De même lorsque les douleurs surviennent, c’est que l’enfant est prêt de naître. Voilà comment Jésus voit la fin du monde : Non comme une catastrophe mais comme le moment de l’enfantement après les douleurs, et celui de l’avènement de l’humanité nouvelle sauvée par Jésus-Christ.
La fin du monde est-elle tout proche ? « Quand à ce jour et à cette heure là, nul ne les connait, pas même le Fils, mais seulement le Père ». Il n’est ni possible ni nécessaire de le savoir. Il importe surtout de reconnaitre, mieux de croire sur la parole de Jésus, que l’histoire douloureuse et déconcertante qui est la nôtre a un sens car elle nous achemine vers un bien définitif qui concerne toute l’humanité.
La perspective est réconfortante. Elle ne décrit pas ce qui va arriver mais attire notre attention sur l’inouï que constitue la venue de Dieu au terme de l’histoire, dans le prolongement de l’évènement central de la mort et de la Résurrection de Jésus venu pour le salut de l’humanité. Elle a une saveur de plénitude, comme l’été et l’enfantement. Elle nous interroge aussi sur notre désir de la rencontre et sur la qualité de notre attente, car cette fin du monde, nous avons à l’attendre, à l’espérer et à la préparer : nous laissons nous enfermer, phagocyter par les évènements qui viennent de nous frapper oubliant Dieu et méconnaissant notre précarité, plus occupés à commenter ces évènements qu’à veiller dans notre foi et dans l’amour fraternel, et à prier pour les personnes les plus éprouvées et les uns pour les autres ?
« J’attends la Résurrection des morts et le monde à venir » allons-nous proclamer dans le credo. Quelle est véritablement mon attente ? Et surtout demandons-nous en quoi, mieux en qui nous mettons notre confiance. Dans des analyses et des repères humains où dans les paroles du Christ qui seules demeurent. Même si elles tardent à se réaliser ce sont les promesses d’un Dieu fidèle.
Et maintenant célébrons le sacrifice « qui sauve le monde » comme l’appelle la prière eucharistique. C’est le sacrifice du Christ, notre frère et notre Seigneur, offert une fois pour toutes et rendu présent en toute Eucharistie.