Dimanche 22 novembre 2015 - Jésus Christ, Roi de l’Univers
Textes liturgiques : Dn 7,13-14 ; Ps 92 ; Ap 1,5-8 ; Jn 18,33-37
« Alors, tu es roi ? », ce mot de Pilate à Jésus n’est pas une question, ni une affirmation, si l’on peut y entendre une pointe d’ironie chez le haut responsable de l’Empire romain, nous pouvons nous-mêmes aujourd’hui rebondir sur ces mots, mais d’une tout autre manière. Nous pouvons les entendre et nous demander, intérieurement, dans notre conscience intime, notre for interne, dans notre prière silencieuse ou tourmentée, si Jésus est réellement le roi, notre roi ? S’il est présent et règne en nous ? Pour qu’il soit reconnu comme Roi de l’univers, il faut d’abord que je le reconnaisse moi-même comme le Roi de ma vie, de ma vie personnelle, singulière, unique, certes anonyme rapportée à la dimension de l’univers, de l’espace et du temps dans lesquels nous vivons quelques années sur cette terre.
Il est nécessaire que ce travail de conversion personnelle se fasse. Si nous le négligeons, nous passerons à côté de la vérité, cette vérité dont parle Jésus à la fin de l’Évangile. Si nous faisons ce travail de reconnaissance personnelle de la royauté du Christ dans notre cœur, et par conséquent dans toutes les dimensions de notre vie, peut-être alors serons-nous plus à même de bien recevoir le message des deux premières lectures, celle du prophète Daniel et celle du livre de l’Apocalypse, qui proclame précisément la royauté universelle du Christ, en des termes bibliques certes, mais décalés par rapport à notre culture. « Moi, Daniel, je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme… » « Moi, je suis l’Alpha et l’Omega, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’Univers. »
Aujourd’hui, dans notre civilisation occidentale, notre modernité, voire postmodernité, cette littérature apocalyptique, passée au crible de la rationalité, ferait plutôt sourire, ne serait-elle pas bonne à être définitivement rangée sur les hauts rayons de bibliothèque, là où la poussière peut s’accumuler impunément ? Ces lectures appartiennent en effet à la littérature apocalyptique qui a toujours frappé, au long de l’histoire, l’imagination des croyants, particulièrement dans les temps difficiles, les temps d’épreuves collectives. Cette littérature apocalyptique annoncerait, révèlerait au sens propre, la fin de l’histoire ? Oui, mais de quoi s’agit-il ? De cataclysmes cosmiques, tremblements de terre ou autres catastrophes naturelles, ou encore les guerres humaines, si potentiellement dévastatrices aujourd’hui ? Non, il s’agit de la reconnaissance universelle de la royauté du Christ. « Ma royauté n’est pas de ce monde » dit Jésus à Pilate. Jésus reconnaît lui-même sa royauté, mais une royauté non visible dans le monde. C’était le cas au moment de sa Passion. C’est toujours le cas aujourd’hui, en 2015. La royauté de Jésus reste cachée. Nous ne savons pas quand, ni comment, cette royauté du Christ sera reconnue dans l’univers. Dieu nous demande simplement d’y croire ! Nous sommes des croyants, appelés à vivre dans la foi et l’espérance de sa venue en gloire, c’est-à-dire une venue connue de tous, et avec la foi et l’espérance, nous recevons l’amour pour vivre dans ce monde si difficile, car on ne peut vivre sans amour.
La royauté de Jésus, nous avons, comme je l’ai dit plus haut, d’abord à la vivre dans notre intériorité, au-dedans de nous, en même temps dans l’Eglise, le Corps du Christ, et ensuite dans la société contemporaine, si désorientée. « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » Notre devoir de témoignage est d’abord là, écouter en nous et en Eglise la voix du Christ, la voix de l’Evangile, la voix du Dieu qui donne la vie et veut le salut de tous. Notre pays vit peut-être maintenant dans une nouvelle période, après un long temps de paix, 70 ans depuis 1945. Cela appelle de notre part, plus que jamais, à « rendre témoignage à la vérité ».
Si nous croyons vraiment en Lui, en sa royauté, jusqu’ici invisible aux yeux des hommes, nous resterons calmes, nous ne nous laisserons pas entraîner dans la colère ou la haine, le camp du mal. Nous devons combattre le mal que représentent les tueurs fous, mais les chrétiens ne doivent pas oublier que dans le combat, l’arme principale est la prière ! C’est la prière qui nous donnera d’être forts, prudents et intelligents en vue de la paix, de la justice et de la vérité. « La terre tient bon, inébranlable » dit le Psaume d’aujourd’hui et encore « la sainteté emplit ta maison ».
Tenir bon et être saint se conjuguent admirablement dans notre vocation de chrétien, comme l’Amour et la Vérité qui vont ensemble. Tenir l’amour et la vérité, quel défi pour nous ! L’actualité, une fois de plus, nous met devant ce défi. N’ayons pas peur ! Ne doutons pas de la victoire quand nous vivons de la foi, de l’espérance et de la charité, dans notre cœur et dans l’Eglise. Les larmes ne manqueront pas cependant… Soyons sujets du Christ Roi de l’univers, travaillons sous la conduite de l’Esprit Saint à la venue et à la révélation de sa Royauté ! Amen