« Au centre de l’histoire de l’humanité, et tout particulièrement au centre de l’histoire de la femme, se trouve la femme en la personne de qui, la maternité a trouvé sa transfiguration, et en même temps, en tant que maternité corporelle, son dépassement. Si nous rencontrons, dans la personne du Christ, sous une forme concrète, vivante, le but de toute formation d’homme, nous trouvons en Marie, le but de toute formation de femme. Le fait que sur le seuil, entre la Première et la Nouvelle alliance, l’Eve nouvelle, se tienne à côté du nouvel Adam est la preuve la plus sûre qui témoigne de la signification et de la valeur éternelle, de la séparation des sexes, pour s’incarner, Dieu a choisit de naître au sein d’une mère humaine".
« En Marie, nous rencontrons l’image même de la pureté virginale. Qu’est ce qui aurait pu déterminer sa décision, si ce n’est le désir d’être la Servante du Seigneur, de Lui appartenir à Lui seul, et d’être à sa disposition ».
« Si Marie est l’image originelle de la pure féminité, l’imitation de Marie devra être le but de l’instruction des jeunes-filles. Si, il a été confié aux mains de la Reine du Ciel de répandre la grâce, il faudra pour atteindre au but, non seulement lever les regards vers elle, mais avant tout s’attacher à elle, en confiance. L’imitation de Marie n’est pas différente de l’imitation du Christ, pour la simple raison que Marie fut la première à imiter le Christ, qu’elle fut le premier et le plus parfait portrait du Christ. C’est pour la même raison que l’imitation de Marie n’est pas seulement affaire de femme, mais le devoir de tous les chrétiens. Pour les femmes cependant, cette voie est toute particulièrement précieuse puisqu’elle les conduit à une image du Christ qui est propre à leur féminité ».
« La Virgo Mater est l’image primitive de la féminité accomplie. Il faudra que ces deux qualités fondamentales, celle de mère et celle de vierge soient le but de toutes formations féminines. Sponsa Christi, Epouse du Christ, ce terme n’est pas seulement appliqué à la vierge consacrée à Dieu, mais aussi à toute l’Eglise, à toute âme chrétienne. Etre Sponsa Christi, fiancée du Christ, cela signifie appartenir au Seigneur, et placer l’amour du Seigneur par-dessus toutes choses, non par simple conviction théorique, mais par obéissance aux lois du cœur, et en le vivant chaque jour. »
« L’Eglise est l’humanité rachetée, nouvellement créée de la substance même du Christ. La cellule primitive de cette humanité rachetée, c’est Marie. C’est en elle que s’accomplit, pour la première fois, la purification et la sanctification par le Christ, c’est elle la première qui fut remplie de l’Esprit-Saint. Avant que le Fils de Dieu naquit de la « Sainte-Vierge » il créa cette Vierge pleine de grâces, et en elle et avec elle, l’Eglise. C’est pourquoi, créature distincte de Lui, elle se tient à ses côtés, bien qu’indissolublement liée à Lui. »
« Marie est notre mère, au sens le plus éminent et le plus réel, c’est à dire, en un sens qui dépasse le sens terrestre, elle nous a mis au monde pour la vie de la grâce, en donnant toute sa vie, corps et âme à son rôle de Mère de Dieu, c’est pour cette raison qu’il existe des liens intimes entre elle et nous. Elle nous aime, elle nous connaît, elle tente de faire de chacun de nous ce qu’il doit être. Et avant tout, elle veut mettre chacun de nous, dans la relation la plus étroite avec notre Seigneur. Et ceci est valable pour tous, hommes et femmes. Toutefois, il est certain, dit-elle, que ce rapport a une force particulière pour les femmes, parce que par sa maternité naturelle et surnaturelle, dans sa vocation de fiancée de Dieu, la femme perpétue en quelque sorte la maternité et le rôle de fiancée de Dieu de la Virgo-Mater, de la Vierge-Mère. Et Edith dit : « Les femmes qui veulent accomplir leur vocation de femme, qu’elles soient mariées, ou qu’elles soient célibataires consacrées, mais qui veulent accomplir leur vocation de femme, c’est à dire, la dimension surnaturelle de la maternité et de la virginité, peuvent y parvenir par une des nombreuses voies qui y conduisent, elles seront plus sûre d’atteindre le but si elles gardent vivant devant leurs yeux, l’exemple de la Vierge-Mère en tentant de s’y conformer par un effort personnel, mais si en outre, elles se confient à sa direction en se plaçant entièrement sous sa conduite, elles y parviendront car Marie, peut elle même former à son image, ceux qui lui appartiennent. »
in « But de l’instruction », conférence d’Edith en 1933.
« De la bienheureuse Vierge-Marie, seules quelques brèves paroles nous sont rapportées dans l’évangile. Cependant ces quelques paroles sont aussi denses que des pépites d’or pur. En fondant dans le creuset ardent de la contemplation aimante, elles couleront en abondance, et revêtiront toute notre vie, du lumineux éclat de l’or ».
« La première parole que nous entendons Marie prononcer dans son entretien avec l’Ange de l’Annonciation est la suivante : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connaît point d’homme ? ». C’est l’aveu tout simple de sa pureté virginale. Dans le don sans partage, elle a consacré au Service de Dieu tout son cœur et toutes ses forces. C’est ainsi qu’elle a plu au Très Haut, Il a accueilli son don d’elle-même et l’a récompensé en lui accordant une fécondité prodigieuse, en l’élevant à la maternité divine. Elle a contemplé en profondeur le mystère de la virginité, dont son divin Fils dira plus tard : « celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ». Elle ne peut faire à ses amis privilégiés, de plus beau présent, que l’appel à suivre cette voie sur laquelle ils parviendront aussi, à une fécondité prodigieuse, à une joie au delà de tout entendement. »
"L’obéissance a conduit la fille du Roi de la maison de David, dans la modeste maisonnette du pauvre charpentier de Nazareth et entraîna les deux êtres les plus saints du monde hors de l’enceinte protectrice de leur humble foyer, sur les grands-routes, jusque dans l’étable de Bethléem. L’obéissance a déposé le Fils de Dieu dans la crèche, dans une pauvreté librement choisie, le Sauveur et sa Mère ont parcouru les routes de Judée et de Galilée ont vécu de l’aumône des croyants. Nu et dépouillé, le Seigneur a été suspendu à la Croix et a remis le soin de sa Mère, à l’amour de son disciple. Voilà pourquoi il demande la pauvreté à ceux qui veulent le suivre. Le cœur doit être libre de l’attachement aux biens terrestres. Il ne doit pas s’en soucier, ni en être dépendant, ni les désirer. »
« La Mère de Dieu nous a précédés sur ce chemin, et veut y être votre guide. Faites confiance dans un amour filial, à cette mère plein d’amour. Vous ne devez pas non plus vous effrayer de la sublime grandeur de ce que vous promettez, le Seigneur qui vous a appelée et qui vous prend aujourd’hui pour épouse, veut vous donner la grâce de persévérer fidèlement dans votre vocation, il veut vous la donner des mains de sa Mère Marie ».
in « Edith Stein, Source Cachée, Œuvres spirituelles », ’Pour la première profession de soeur Myriam de Sainte-Thérèse le 16 juillet 1940’, éditions du Cerf, 1998, pp. 250-256.
« peu importe que la femme vive en mère de famille dans sa maison, qu’elle occupe des postes de la vie publique, ou qu’elle se cache derrière les murs d’un cloître, il faut qu’en tous lieux elle soit une servante du Seigneur, comme la Mère de Dieu lui en a donné l’exemple. Jeune fille dans l’enceinte sacrée du Temple, plus tard au cours de sa vie cachée à Bethléem et Nazareth, enfin à la tête des Apôtres et des premières communautés chrétiennes après la mort de son Fils, si chaque femme était une réplique de la Mère de Dieu, chaque femme une sponsa Christi, chaque femme un apôtre du cœur divin, alors chacune remplirait sa vocation de femme, la vocation de femme, quelle que soit ses conditions de vie, et quelle que soit son activité extérieure ».
in « Edith Stein, la Femme, cours et conférences », ’l’éthos des professions féminines’, éditions du Carmel, Cerf, Solem, 2008, pp. 63-86.