Textes liturgiques (année C) : 2 R 5, 14-17 ; Ps 97 (98) ; 2 Tm 2, 8-13 ; Lc 17, 11-19
Jésus monte vers Jérusalem en annonçant la venue du Royaume de Dieu tout en sachant également qu’il avance aussi vers sa passion. Jésus se laisse rejoindre par tous ceux qui viennent à lui, tous ceux qui veulent le rencontrer, le voir, le connaître, l’écouter. Tous ceux qui espèrent de lui une guérison, une libération. Mais Jésus, lui, sait que si beaucoup s’approchent de lui, peu sont ceux voient en lui le Messie, seulement un homme qui attire les foules parce qu’il fait des miracles, parce qu’il est un guérisseur exceptionnel. Guérisseur que cherchent à rejoindre ces dix lépreux. Totalement exclus, de la société, rejetés, que risque-t-ils de rencontrer celui qui accomplit tant de miracles ! Peut-être obtiendront-ils de lui leur guérison et bien sûr leur réintégration dans la société. Aussi pourquoi hésiter à l’approcher alors qu’il passe là, tout prêt. Malgré bien sûr la foule et également la distance qu’ils sont obligés de respecter parce que lépreux, ils cherchent donc à le rejoindre plein d’espérance. Qui sait ! Peut-être que Jésus ne restera pas indifférent à leur appel, à leur cri et les guérira ! Jésus en effet entend leur demande comprend leur souffrance et les envoie se montrer aux prêtres. Ces prêtres qui en effet avaient autorité pour accepter et reconnaître la réintégration sociale de ceux qui étaient guéris de la lèpre. C’est donc plein d’espérance et habités par une démarche de foi, d’obéissance que les dix lépreux obéissent à Jésus et partent aussitôt se montrer aux prêtres. Alors qu’ils sont encore en chemin, très vite ils constatent leur guérison. Aussi comment ne pas remercier celui qui vient de les guérir ? Seul l’un d’entre eux ne peut pas faire autrement que revenir plein de joie rendre grâce de tout son cœur à celui qui les a guéris ? Bien sûr leur démarche d’aller aux prêtres pour qu’ils constatent leur guérison reste incontournable afin d’être enfin réintégrés dans la société. Société dont ils étaient coupés mais à laquelle ils appartiennent toujours. Cette société, ce village dans laquelle ils ont grandis, où ils avaient construits leur vie, tisser leurs relations humaines. Cette communauté humaine pleine d’amis et de parents qu’ils vont enfin pouvoir réintégrer, retrouver ceux qu’ils ont aimés et dont ils étaient désormais séparés. Mais nous voyons que sur les dix, un seul revient aussitôt remercier celui qui les a guéris ! Celui qui revient à Jésus est ce samaritain, c’est à dire un étranger, un hérétique. Il ne s’est pas opéré chez les 9 autres cet élan du cœur, ce merci incalculable, débordant qui aurait dû les faire tous revenir à celui qui les avait guéris. Ils ont agis d’abord selon les règles strictes de la loi. Mais ne se produit pas aussitôt en eux ce retournement vers Jésus, ce retournement qui finalement signifierait leur ‘conversion’. C’est cette conversion du cœur que vit ce samaritain comme l’a vécu également Naaman le syrien comme nous l’avons lu dans le livre des rois. Lui aussi guéri de sa lèpre revient remercier le prophète Elisée et rendre grâce à Dieu : ‘Il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël’.
Oui les dix eux aussi sont guéris, ils vont enfin pouvoir réintégrer leur famille, leurs amis, retrouver une vie normale alors qu’ils étaient totalement exclus de la société. Comment ne pas s’émerveiller d’une telle guérison aussi rapide et certainement aussi parfaite. Mais s’ils ne cherchent pas à retrouver aussitôt Jésus, le maître qui les a sauvé, peut-être leur conversion se manifestera-t-elle plus tard, qui sait !
Mais est-ce que nous ne sommes pas tous plus ou moins rejoint par cet épisode ? Est-ce que d’une certaine façon nous ne sommes pas nous aussi touchés par cette lèpre qu’est le péché ? Le péché qui finalement empoisonne nos vies, nos relations humaines, qui empoisonne notre monde, nous divise, nous éloigne des autres et de Dieu notre créateur ? La conversion, voilà la vraie et profonde guérison, le retour vers celui qui veut nous rejoindre nous aussi et nous guérir comme ce lépreux. Le Seigneur vient justement à la rencontre de l’homme, de tout homme, quel qu’il soit, pour le purifier de cette lèpre. Il veut nous en libérer, du moins ceux qui mettent en lui leur espérance, qui accueillent sa parole et qui cherchent à le rejoindre, à se tourner vers lui, se convertir, s’approcher le plus possible de lui, Jésus, l’aimer. Nous aussi cherchons sans cesse à venir lui rendre grâce comme ce samaritain, à nous faire tout accueil à l’amour que Jésus veut nous partager. Amour que nous devons apprendre à recevoir sans y mettre d’obstacle. C’est cet amour libéré et partagé avec tout notre cœur qui nous uni à Jésus et qui ne peut que faire de nous les témoins et les agents de son amour. Amour du Christ qui se renouvelle toujours dès que nous cherchons à en vivre, à le partager. Comment garder pour soi cette vie que le Christ vient nous révéler et nous offrir en abondance. C’est à nous donc d’y répondre avec tout l’élan de notre cœur comme ce lépreux A nous aussi de crier vers celui qui vient nous révèle la vie éternelle et nous y conduit. Confions-lui notre monde afin qu’il le purifie de sa lèpre et l’unifie dans son amour.