Textes liturgiques (année B) : Gn 22, 1-2.9-13.15-18 ; Ps 115 (116b) ; Rm 8, 31b-34 ;Mc 9, 2-10
La Transfiguration est la révélation de la nature divine de Jésus faite à trois de ses apôtres : Pierre, Jacques et Jean. Trois apôtres choisis et appelés par Jésus pour être témoins de ce mystère. Apôtres qui étaient déjà présents auprès de Jésus lors de la résurrection de la fille de Jaïre comme ils le seront également au jardin des oliviers. Afin de suivre leur maître jusqu’au bout le Seigneur leur fait la grâce de cette vision pour qu’ils en perçoivent un jour toute la portée et toute la signification. Ils sont témoins de la rencontre de Jésus le Fils de l’homme avec deux grandes figures de l’Alliance que sont Moïse et Élie. Moïse qui représente la loi et Élie, le prophétisme. C’est donc une grâce unique qui leur est faite. Ils contemplent déjà Jésus dans sa gloire, gloire que vient confirmer la nuée et la voix du Père : ‘Celui-ci est mon Fils Bien-aimé : écoute-le’. Voix venue du ciel comme au baptême de Jésus mais, là, elle s’adressait à Jésus, cette fois elle s’adresse aux apôtres. Ils sont appelés à écouter le Christ : ‘Shema Israël’ et à le suivre jusqu’au bout. Ils reçoivent également l’ordre de Jésus de garder secret cette révélation jusqu’au jour de sa Résurrection. Résurrection dont ils ne peuvent pas encore saisir toute la signification. Mais il fallait qu’ils soient témoin du Christ irradié de lumière pour les préparer à la croix où, là, le Seigneur ne leur apparaîtra plus transfiguré mais défiguré.
Nous comprenons que, témoins d’une telle grâce, ces trois apôtres auraient aimé rester à contempler Jésus inondé de lumière ! ‘Dressons ici trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie’ dit St Pierre. Ils sont en effet dans cette période de la fête des tentes où pendant 7 jours, sous la tente, ils commémoraient leur entrée en terre de Canaan. ‘Pendant sept jours tu feras fête à Yahvé ton Dieu au lieu choisi par Yahvé ; car Yahvé ton Dieu te bénira dans toutes tes récoltes et dans tous tes travaux, pour que tu sois pleinement joyeux’. Dt 16, 13-15. Saisis par la grâce comment ne pas chercher à demeurer dans cette relation unique avec le Christ, Moïse et Elie. Grâce qui leur est faite donc afin d’avancer avec Jésus jusqu’à l’accomplissement de la révélation. Celle de Dieu qui s’est incarné pour rejoindre et sauver l’humanité. Les apôtres devront pour cela faire un travail de mémoire, de méditation et de relecture de cette vision. ‘Celui-ci est mon fils bien-aimé, qui a toute ma faveur’. Cette voix, nous, nous l’avons entendue ; elle venait du ciel, nous étions avec lui sur la montagne’ affirmera plus tard St Pierre dans son épître 2 P 1, 18.
La Transfiguration anticipe déjà la résurrection. En effet en voyant Moïse et Élie s’adresser à Jésus nous comprenons que nous sommes dans l’accomplissement des Écritures. Moïse et Elie ont été les serviteurs de Dieu et ont donné leur vie pour Lui. Ils sont donc uni et présent avec Jésus par qui le salut promis s’accomplit. C’est dans la gloire de la résurrection que tout prendra sens pour les apôtres. Jésus est le serviteur souffrant qu’annonçaient les Écritures : ‘Le juste mon serviteur, justifiera les multitudes en s’accablant lui-même de leurs fautes’. Is 53, 11. Jésus vient s’offrir en victime d’holocauste à Dieu son Père et aux hommes. Il assume sur lui le sacrifice d’Isaac demandé à Abraham. C’est-à-dire qu’il donne sa vie jusqu’à la croix. Cette croix, conséquence du péché, dont Jésus vient justement nous libérer en la prenant sur lui : ‘C’est par ses blessures que nous sommes guéris’. Is 53, 5.
Avec les apôtres nous sommes appelés durant ce temps de carême à nous tenir devant le Christ. Comme St Pierre, j’ai envie de dire, moi aussi, dressons trois tentes une pour Jésus une pour Moïse et une pour Elie afin qu’ils demeurent avec nous durant ce temps de carême et nous accompagnent jusqu’à la résurrection. Oui restons unis au Seigneur par la prière, l’écoute de la parole de Dieu, écoute à laquelle Dieu ne cesse d’appeler son peuple : ‘Shema Israël’. ‘Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le’. Nous ne pouvons pas suivre le Christ dans sa Passion si nous ne l’avons pas d’abord rencontré dans notre cœur profond ! Quels que soient nos parcours nous ne pouvons pas le suivre s’il ne se révèle pas à nous comme le Fils unique du Père, le Fils de Dieu. Notre évêque nous disait dans sa lettre pastorale : ‘Les jeunes ne pourront suivre le Christ que s’ils l’ont rencontré maintenant dans leur aujourd’hui !’
Oui le Christ se manifeste à nous dans notre aujourd’hui. Aussi durant ce carême, prenons des temps de prière, d’offrande de soi, de dépouillement de tout ce qui peut nous encombrer inutilement, toute forme de tentation mais toujours pour une plus grande recherche de Dieu, une plus belle rencontre avec le Seigneur. Pour une plus grande intimité de vie avec le Seigneur. Une plus grande foi, une plus grande paix, une plus grande joie intérieure. Le Seigneur sera là ; il se révèle toujours à ceux qui le cherchent, qui se font mendiant de son amour.