I - La science d’amour (Ms.B 1r°-v°, le 13 septembre 1896)
La petite voie est une véritable science d’amour. A son origine, il y a le propre désir de Jésus de nous enseigner cette science. Non seulement c’est en lui que nous pouvons la vivre, mais c’est lui qui nous enseigne le caractère absolument gratuit de l’Amour de Dieu pour nous.
L’acte d’offrande met en œuvre cette science d’amour dans une dynamique d’action de grâce. Cela implique une totale dépossession de nos œuvres, de toute prétention à mériter quoique ce soit de la part de Dieu. Ce texte souligne en effet le caractère dérisoire de nos richesses et de nos œuvres au regard de la surabondance du don de Dieu. L’abandon confiant envers Dieu est indissociable de la reconnaissance pour la gratuité de son amour envers nous. Il consiste à passer de la peur d’être abandonné à la grâce de s’abandonner à Dieu.
Thérèse utilise une succession d’images bibliques pour justifier la pratique d’un tel abandon : le petit enfant dans les bras de son père, la brebis portée par le berger, la mère caressant son enfant.
Thérèse exprime son désir de voir sa petite voie pratiquée, découverte par tous. Il annonce le désir qu’elle exprimera bientôt de pouvoir accomplir cette mission au ciel :
II - La confiance, rien que la confiance (LT 197 du 17 septembre 1896)
La sœur de Thérèse est bouleversée lorsqu’elle reçoit ce que l’on appelle désormais le manuscrit B. Elle n’est pas étonnée que Thérèse puisse vivre une telle confiance en la Miséricorde alors que Dieu lui donne un désir de l’aimer aussi intense. Mais qu’en est-il de celles et ceux dont le désir de Dieu est plus tiède, voir imperceptible.
Thérèse est catégorique dans sa réponse : sa confiance ne repose pas sur l’expérience sensible de ses désirs. S’appuyer sur eux, ce serait remettre subtilement sa confiance en elle-même. Thérèse s’appuie sur la seule foi en la Miséricorde : faire cet acte de foi sans éprouver aucune émotion sensible est encore plus beau. Nous pouvons croire à la gratuité de l’amour au sein d’une profonde aridité spirituelle. C’est, au regard de la petite voie, la voie royale : elle consiste à aimer plus que tout notre pauvreté devant Dieu pour venir les mains vides accueillir son Amour.
III - Choisir de rester petit pour témoigner de l’évangile
Le témoignage le plus authentique passe à travers l’acceptation de notre pauvreté, de nos limites. Mais comme il est difficile de s’appuyer sur sa faiblesse pour rendre témoignage à l’amour de Dieu ! Qu’il est difficile de vivre l’enfance spirituelle et de se laisser aimer gratuitement dans l’humilité de nos vies !
L’évangélisation suppose de consentir à rester pauvre, car l’amour de notre pauvreté rend possible l’amour des pauvres et la compassion pour le malheur des femmes et des hommes. Nous témoignons de notre foi en un Dieu qui s’est révélé à nous dans la faiblesse de la Croix à travers notre confiance vécue dans la faiblesse. C’est aussi à travers cette faiblesse assumée dans la confiance que nous nous offrons pleinement à Dieu.