Les fruits de l’Épiphanie (Epiphanie - Année C)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année C) : Is 60, 1-6 ; Ps 71 (72) ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12

La célébration de l’Épiphanie du Seigneur nous donne l’occasion de commencer cette année 2025 avec de bonnes attitudes spirituelles. En voici trois qui transparaissent dans les textes bibliques entendus : la gratitude, l’offrande et la sagesse.

Le mystère de l’Épiphanie nous invite d’abord à la reconnaissance et à la gratitude. Nous sommes malheureusement trop et mal habitués à ce que nous pensons connaître de notre foi. Le côté un peu folklorique des rois mages peut nous faire passer à côté de la profondeur de ce mystère. Saint Paul s’en émerveille pourtant dans la 2e lecture. Il affirme que Dieu lui a fait la grâce de lui révéler le mystère caché aux générations passées et maintenant dévoilé par les apôtres : « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » Nous oublions trop facilement que notre foi chrétienne est fondée d’abord et toujours sur l’élection d’un peuple, celui d’Israël. Le fait que nous, pour la plupart non-juifs, puissions entrer dans l’Alliance de Dieu avec son peuple n’a rien d’évident. Nous trouvons cela normal alors qu’il a fallu beaucoup de temps aux apôtres et aux premières générations pour entrer dans ce mystère de l’appel des nations et dépasser le scandale apparent. Les mages sont là pour nous représenter à la crèche. Ils accomplissent les prophéties de l’Ancien Testament, comme notre 1re lecture ou le psaume évoquant le roi messie, qui laissent entrevoir un horizon universel dépassant les frontières d’Israël : toutes les nations convergeant vers Jérusalem pour célébrer le messie, le roi des Juifs appelé à régner sur l’univers. Cette ouverture du salut aux nations et pas seulement à Israël est un pur don de Dieu. Dieu, en son Fils, nous donne accès aux biens de la vie éternelle qui étaient réservés auparavant au seul peuple élu. Aucun de nous n’a mérité ce don gratuit. Et il est donc important en contemplant les mages devant la crèche de mesurer l’invitation gracieuse qui nous est faite. Frères et sœurs, le 1er fruit de l’Épiphanie devrait donc être notre gratitude pour cette invitation. Nous entrons dans le mystère de notre propre élection : nous sommes nous aussi choisis par Dieu pour accéder au salut et une place libre nous est réservée au pied de la crèche. Quel cadeau inestimable !

Voici donc l’Enfant-Jésus qui nous fait ce cadeau en s’invitant sur notre terre. Le Fils de Dieu s’offre lui-même à nous et nous ouvre au mystère de l’amour divin. Nous avons accueilli depuis le jour de Noël ce cadeau précieux de la venue de Dieu en notre humanité, après avoir préparé ses chemins au long des semaines de l’avent. Puis pendant les jours de Noël, nous avons échangé des vœux et des cadeaux entre nous pour témoigner de ce que nous avons-nous-même reçu de Dieu. Le don appelle le don ; la conscience du don reçu nous pousse nous-même à la générosité. Mais frères et sœurs, qu’avons-nous offert à l’Enfant-Jésus pour son anniversaire et pour le remercier de ses dons ? Les mages ici nous donnent l’exemple. Venus de loin, ils apportent des cadeaux à la hauteur de celui qu’ils viennent adorer : l’or pour évoquer que cet enfant est bien Roi, même si comme Jésus le dira à Pilate, sa royauté n’est pas celle qu’on imagine car son royaume n’est pas de ce monde ; l’encens pour témoigner de sa divinité car cet enfant n’est pas qu’un être formidable, il est bien Fils de Dieu ; enfin la myrrhe, symbole de la Passion d’amour et de la mort que Jésus va traverser pour nous sauver. Et nous frères et sœurs, qu’apportons-nous comme cadeaux à la crèche ? Comment répondons-nous au don que Jésus nous fait de sa propre vie ? Il ne s’agit pas de donner avec contrainte car Dieu aime ceux qui donnent avec joie et librement. Prenons le temps de réfléchir au pain et au vin qui seront apportés en procession à l’offertoire et qui symbolisent notre offrande. De quoi seront-ils les symboles pour chacun de nous ?

Les mages nous invitent enfin à une attitude de sagesse pour cette nouvelle année. Ce sont des observateurs et des hommes d’écoute. Ils ont observé le ciel et compris qu’ils étaient appelés à suivre cette étoile mystérieuse ; et de fait elle les a conduits à bon port. Ce sont aussi des hommes d’écoute : ils ont écouté les paroles d’Hérode à Jérusalem mais ils ont surtout écouté leur cœur quand ils reçurent ce songe les invitant à ne pas retourner chez Hérode, afin que celui-ci ne trouve pas l’enfant. Ils ont compris ce que ce songe venait de Dieu et que le roi Hérode n’était pas fiable ; il craignait de voir un rival en cet enfant et le massacre des innocents qui suivit confirmera cette intuition. Les mages ont su développer une qualité d’écoute et une sagesse pour conduire leur chemin vers Dieu et vers leur quotidien. Nous pouvons nous en inspirer pour trouver dans notre vie spirituelle les ressources de sagesse pour bien guider notre vie en cette année naissante. Dans un monde incertain et agité, nous avons besoin de sagesse pour emprunter des chemins sûrs qui nous mènent au port de la vie éternelle.

Frères et sœurs, faisons le plein de grâces devant la crèche : face au don reçu, exprimons au Seigneur notre gratitude et déposons notre offrande personnelle ; repartons par un autre chemin que celui de la routine. Demandons la grâce d’être renouvelés par le mystère que nous célébrons. Que la gloire du Seigneur se lève pour nous ! Amen

Fr. Jean-Alexandre de l’Agneau, ocd (https://carmes-paris.org/)

Revenir en haut