Sainte Thérèse d’Avila - 15/10/22 (Solennité de sainte Thérèse de Jésus)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques : Sg 7,7-14 ; Rm 8,14-17.26-27 ; Jn 7,14-18.37-39

Comme au temps de Thérèse d’Avila, ce XVIe siècle espagnol et européen, notre époque est très bouleversée. Ce n’est plus l’or du Nouveau Monde, ni l’attrait pour ce qui se passe à l’Ouest qui suscite interrogation et émerveillement, aujourd’hui, c’est la mondialisation qui provoque notre intérêt, qui suscite nos peurs et nos angoisses et mobilise nos énergies. Nous sommes face à un véritable affrontement culturel, un affrontement de valeur qui suscite et violences et ripostes.

Beaucoup de gens alors comme aujourd’hui sont déstabilisés et se posent la question du sens. De tout temps la vie des hommes s’est construite autour de zones d’ombres et de lumières, d’abord celles que chacun véhicule et donc que la société porte.

En fait le monde n’est violent et fou que de nos propres violences et folies. Et il n’est pas sain d’accuser le voisin en cette matière. Ce ne sont pas les autres qui sont violents, c’est nous. Dans la nuit de ce monde, c’est le bruit des tanks qui prend le dessus et rend la nuit plus opaque encore. Et cependant pour vaincre cette nuit, la flamme d’une bougie est plus efficace.

Thérèse sous la mouvance de l’Esprit s’est laissé envahir par une autre lumière que celle des mirages qui tournoient et attirent les foules. A la lecture de St Augustin, elle a compris que son âme était habitée, qu’au centre de son âme rayonnait une étrange lumière et que le monde en fait tournait autour de cette présence mystérieuse. Non le monde ne tourne pas autour des étoiles, mais de Dieu, de Dieu qui habite le cœur de chacun et chacune. Le monde est en feu écrivait-elle et ce n’est pas le moment de traiter de chose de peu d’importance. Ce n’est pas le moment de butiner, mais de prendre conscience de notre vocation de chrétien et de prendre les armes que le Christ donne pour combattre l’obscurantisme ambiant et les armes sont celles de la prière et de la conversion de notre cœur à Dieu. Avec Thérèse nous sommes engagés à la suite du Christ pour vaincre les ténèbres, qui génération après génération, voudraient engloutir les foyers de lumière qui brillent ici ou là. Avec Thérèse c’est d’une urgence qu’il est question. Elle n’est qu’un relais dans la longue liste des prophètes de tous les temps. Nous avons une âme, le monde a une âme. Notre âme est habitée, l’âme du monde est habitée.

« Cette divine prison
De l’Amour avec lequel je vis
A fait mon Dieu captif
Et libre mon cœur ;
Et voir mon Dieu prisonnier
Cause en moi une passion telle
Que je meurs de ne pas mourir »
« aspiration à la vie éternelle », poésieI de Thérèse d’Avila

Il nous faut nous réveiller et devenir des sentinelles pour cette humanité déboussolée.
J’entends dire et je dis que les hommes et les femmes sont pour beaucoup perdus, qu’il y a beaucoup de souffrances morales, affectives.
Nous avons à nous lever, à prendre conscience de notre destinée et à allumer notre petite bougie là où nous sommes. La bougie de Thérèse c’est l’oraison, ce temps que l’on prend au pied du Seigneur pour le laisser faire en nous son œuvre de recréation. Avant de partir à la conquête du monde, il nous faut en même temps et d’abord partir à la conquête de notre propre cœur. Laisser là le Seigneur prendre enfin le pouvoir, le laisser nous révéler ce que signifie être enfant, être fils de Dieu, être créés à son image.

« Que rien ne te trouble
Que rien ne t’effraye
Tout passe,
Dieu ne change pas,
La patience obtient tout
Celui qui a Dieu ne manque de rien
Dieu seul suffit. » (« efficacité de la patience » poésie IX de Thérèse d’Avila)

Fr. Yannick Bonhomme, ocd - (couvent d’Avon)
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