Qui n’a jamais eu l’occasion de faire du bien ? (Ho. Christ Roi de l’Univers - 26/11/23)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année A) : Pr 31, 10-13.19-20.30-31 ; Ps 127 (128) ; 1 Th 5, 1-6 ; Mt 25, 14-30 ; Mt 25, 14-15.19-21

Il est évident que célébrer la fête du Christ Roi, ce n’est pas entrer en politique et se poser la question du meilleur régime. La royauté qu’apporte Jésus n’est pas une royauté de gouvernance, mais de relation au plus intime de notre être, c’est celle qui se célèbre à chaque eucharistie. Ce n’est pas seulement un acte rituel que nous observons, mais l’accueil du Dieu de nos vies en nos vies. C’est le prima que l’amour en nos cœurs que nous célébrons.Et il n’est pas indifférent de se rappeler le sens profond de nos vies en ces temps où le tissu social et politique se délite, où les repères humains explosent. Dieu règne, mais de façon surprenante, pas à l’image de nos règnes sur la terre, pas à la façon dont les souverains imposent leur pouvoir si tant est que cela corresponde à la réalité actuelle. En effet rares sont les rois qui ont encore du pouvoir dans nos régions. Les souverains actuels sont plutôt ceux qui sont à la tête des multinationales plus que les hommes politiques. Quoi qu’il en soit, dans notre évangile, Dieu règne de façon surprenante, à la foi comme le souverain juge et à la foi comme le plus fragile, le plus vulnérable. Les deux aspects se mêlent dans le texte. Ceux qui me jugent ce sont ceux que je n’ai pas respectés, que j’ai négligés, les petits auxquels je n’ai pas fait attention. Ceux sont eux qui ont pouvoir et qui jugent le monde. Ce qui est jugé c’est la qualité d’attention que je porte à mon prochain, non en raison du Christ que je pourrais voir en eux, mais en sa qualité d’être humain. Ce n’est pas d’abord le Christ que je suis appelé à servir, mais l’homme. Ce qui est jugé, ce n’est pas mon savoir, mon savoir-faire, mais la qualité de la relation que je peux établir avec chacun, cette ouverture du cœur qui me fait entrer en relation avec l’autre.

Jésus attend de moi un engagement personnel dans un complet désintéressement : quand tu fais l’aumône, que ta main droite ignore ce que fait ta main gauche, lit-on en Matthieu 6. Jésus attend un don désintéressé et cela est marqué dans le texte par la surprise de ceux qui ont fait le bien. Ils l’ont fait avec le cœur pur, sans retour sur soi. C’est que les œuvres de charité sont parfois trompeuses et nous avons l’art de nous y complaire sous couvert de bien. Est-ce bien l’autre que nous servons alors ? Est-ce bien désintéressé ? N’est-ce pas notre amour propre que nous servons ? Il y a parfois confusion sous le couvert du bien à faire…

Or Jésus m’invite à me présenter devant chaque homme qui se présente sous le manteau de la fragilité comme si c’était à moi de le servir. Ce n’est pas le puissant que je sers, mais l’homme fragile, en situation de détresse. Que fait Jésus au chapitre 13 de St Jean, il s’agenouille devant ses apôtres. Voilà comment Dieu règne ! Ce texte pourrait peut-être nous aider à réfléchir sur la nature de l’Église lors de partages sur la synodalité. C’est dire qu’il n’est pas question d’une pyramide où le pouvoir s’exercerait comme d’en haut, descendant d’étage en en étage vers ceux qui sont à la base. Dieu n’est pas en haut, il n’est pas en bas, si nous réfléchissons ce qui se vit à l’eucharistie, il est en nous tous comme Celui qui sert, qui voudrait établir un lien d’amitié avec chacun et chacune. Pour cela, il se fait le proche de tout homme, il descend vers nous comme un mendiant. « Lui de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la Croix. » Ph 2 Le Pauvre c’est d’abord Lui !

Avez-vous remarqué que le texte est optimiste ? Les gens condamnés sont ceux qui n’auraient jamais eu l’occasion de faire du bien dans leur vie ! au moins une seule fois !!! Cela ouvre grandement l’espérance

Il suffit d’avoir fait du bien gratuitement, purement, en sa vie ! Et garder cette ouverture du cœur. Qui n’a jamais eu l’occasion de faire du bien ?

Fr. Yannick Bonhomme- (Couvent d’Avon)

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